Home À la Une Le foot-business puni par le fair-play financier : le début de la...

L’UEFA a frappé fort ce vendredi. Après l’analyse des capitaux détenus par les grandes équipes européennes, l’instance suprême du football européen a décidé, dans le cadre du fair-play financier, de sanctionner lourdement les richissimes clubs de Manchester City et du Paris Saint-Germain par une amende de 60 millions d’euros ainsi qu’une limitation du nombre de joueurs engagés pour la prochaine Ligue des Champions à 21 éléments, contre 25 habituellement. D’autres équipes, qui profitent également d’énormes capitaux pour fonctionner et recruter, comme le Zénit Saint-Pétersbourg, l’Anzhi Makhachkala (l’ancien club de Samuel Eto’o) ou encore Galatasaray, ont aussi été touchées, quoique plus légèrement. Est-ce la fin d’une époque ?

Pour la première fois de son histoire, le fameux fair-play financier a été appliqué comme il avait été imaginé en 2009. Développé pour faire face aux dérives sportives qu’engendre, depuis le début des années 2000, l’arrivée des capitaux faramineux de certains hommes d’affaires dans le budget des clubs dont ils sont propriétaires, le fair-play financier a mis du temps à être appliqué en Europe, pour justement laisser la possibilité aux clubs de préparer le retour à l’équilibre budgétaire. C’est ainsi qu’il aura fallu attendre cinq ans avant que le contrôle de l’équilibre budgétaire par l’Instance de Contrôle Financier des Clubs (ICFC) n’entre en vigueur, alors que le contrôle des dettes des clubs a commencé dès 2011. Mais, avant toute chose, que préconise concrètement la réglementation du fair-play financier ?

Le fair-play financier combat les déficits budgétaires des clubs et les trop grandes dépenses (donc par extension, les plus gros capitaux) afin d’assurer la pérennité des clubs de football ainsi que l’équité sportive entre eux. Concernant l’équilibre budgétaire, les clubs sont désormais autorisés d’avoir un déficit de 5 millions d’euros au maximum sur une période de trois ans, auquel s’ajoute une autorisation de déficit couvert par le propriétaire qui s’amenuise au fil des années. De plus, si un propriétaire désire renflouer le budget de son équipe, cet apport de capital est soumis au contrôle de l’UEFA. Le réglement doit être respecté, comme Manchester City et le Paris Saint-Germain l’ont compris. Cette fois-ci, les deux clubs sont contraints de payer une amende et sont amputés d’une partie de l’effectif engagé en Ligue des Champions. Mais les sanctions peuvent être beaucoup plus sévères, allant de la simple réprimande à l’exclusion d’une compétition, voire du retrait d’un titre. Les clubs visés vendredi par l’UEFA ne sont cependant pas les premiers à être rappelés à l’ordre pour des raisons financières, loin de là: Portsmouth avait subi un retrait de neuf points en 2010, précipitant sa chute de la Premier League à la League Two (4ème division). C’était toutefois la FA (Football Association), la fédération anglaise de football, qui s’était chargée de l’affaire. La nouveauté de la procédure est qu’elle est européenne.

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Faut-il voir dans ce système dissuasif du fair-play financier un obstacle au développement du foot-business, incarné par Chelsea, le Real Madrid, le FC Barcelone, ou plus récemment par Manchester City et le Paris Saint-Germain ? L’avenir nous le dira. C’est en tous cas une tentative louable menée par le président de l’UEFA Michel Platini. Rien ne peut assurer que ces restrictions budgétaires ne soient contrées par les intérêts commerciaux grandissants dans le monde du football. Ainsi, si l’UEFA doit le faire, aura-t-elle le courage d’exclure les clubs trop dépensiers des compétitions européennes, bien que ces équipes-là contribuent à une grande part du succès que les compétitions européennes connaissent ? Peut-on imaginer une Ligue des Champions sans le Real Madrid ou Chelsea ? De plus, la marche arrière de la FIFA à la fin du mois d’avril concernant l’interdiction de recruter infligée au FC Barcelone témoigne en somme de la faiblesse de son pouvoir face aux énormes ensembles que constituent les clubs de football. Ceux-ci n’abandonnent d’ailleurs pas leurs ambitions, malgré les limitations du fair-play financier, comme le démontre l’attitude du président du Paris Saint-Germain, Nasser Al-Khelaïfi, qui compte toujours bien faire du club parisien « l’une des marques globales de sport parmi les meilleurs et les plus performantes« .

Les clubs les plus riches ont en tous cas un nouvel ennemi, à défaut de ne presque plus en avoir dans leur propre championnat. Le fair-play financier sera-t-il assez fort pour imposer ses idées ou mourra-t-il ? Telle est la question pour les années à venir…