Home Ligue 1 Edito – OL : Dauphin en tous points

Du 1er Juin au 3 Juillet, Europafoot vous propose un condensé d’informations concernant les meilleures équipes des principaux championnats. Cette semaine revenons sur la saison des 5 premiers de L1. Deuxième épisode aujourd’hui avec un retour sur la saison de l’Olympique Lyonnais. Un dauphin qui n’a pas usurpé son statut.

 
En ligue 1, comme nous vous le disions hier lors du précédent article de cette rubrique, il y a le prédateur principal, et les proies potentielles. Le requin PSG règne sur l’océan du championnat national depuis désormais trois saisons. Si certaines équipes étaient parvenues à créer la surprise, souvenons nous par exemple de Montpellier, qui avait coiffé les franciliens au poteau lors de l’édition 2010, on n’attendait pas cette saison de résistance aussi marquée de la part d’une formation de ligue 1. Mieux, cet OL que rien ne prédestinais à faire une telle saison a véritablement crevé l’écran. Souvenons-nous, au mois de septembre, des colossaux problèmes collectifs que rencontrait l’effectif rhodanien : plus de 10 blessés sur un total de 30 joueurs, et des voix qui s’élevaient pour dénoncer une préparation physique hasardeuse. 9 mois plus tard, le Lyon a accouché d’une belle portée de 75 points. Si l’ogre parisien n’avait pas réalisé une telle saison, le tout aurait été inédit et historique en France. Nous soulignons hier la performance folle des parisiens, qui au final ne fait que renforcer le crédit de ses poursuivants les plus proches.

Ainsi, l’OL a pu s’appuyer cette saison sur un mental fort, et un style de jeu qui dépend à n’en point douter de la fougue de ses joueurs. On ne parle pas ici de naïveté, mais bien de fougue : une caractéristique qui peut habiller les plus jeunes comme les plus anciens. Difficile de ne pas citer la révélation, Nabil Fékir, qui malgré quelques apparitions convaincantes la saison passée, n’était pas attendu à un tel niveau immédiatement. Le potentiel du jeune lyonnais ne faisant aucun doute, les problèmes rencontrés au début de saison ne semblaient pas favoriser une amélioration drastique chez les jeunes Gones. Mauvais calcul, car si certains ont éclos, comme Fékir, d’autres ont su poursuivre leur ascension. C’est le cas d’Alexandre Lacazette, meilleur buteur de cette édition du championnat avec 27 réalisations.

 

Une performance au niveau statistique qui marque les esprits. Lacazette est français, et a débuté sous le maillot bleu au cours de cette saison. L’intéressé a désormais 24 ans, ce qui signifie qu’il donnera le meilleur de lui-même durant les 4 prochaines saisons, et qu’il n’est plus une simple révélation. Le buteur est lucide, l’homme semble l’être tout autant. Et une fois ce constat établi, c’est le pays tout entier qui retient son souffle. A un an du championnat d’Europe des nations, la France possède désormais deux buteurs de classe mondiale. L »un joue dans l’une des meilleures formations au monde, le Real Madrid, et l’autre demeure l’avant centre de l’Olympique Lyonnais. Ce que l’on essaie de dire, c’est que si la France se réjouit de la confirmation Lacazette, pendant que l’OL tremble, bon nombre d’écuries européennes seraient ravies d’enrôler le buteur lyonnais. Le président Aulas a promis de s’agripper aussi fort qu’il le pourrait à son nouveau pourvoyeur de buts. Mais un joueur comme celui-là, on ne le retient pas indéfiniment.

Concernant les joueurs les plus expérimentés, tels que Jallet ou encore Gonalons, leur sérieux et leur hargne de tous les instants ont régulièrement permis à cette formation de grappiller des points précieux. Ou mieux : de ne pas trop en laisser filer. Mais ne nous méprenons pas toutefois : nous verrons par la suite que cette équipe a une facheuse tendance à s’écrouler brutalement. Pour rester compétitive, cette équipe aura besoin d’un recrutement adéquat et de laisser filer quelques éléments. Gourcuff n’en sera plus. L’amertume est grande car le joueur qu’il était à Bordeaux se serait marié à merveille au reste de ce collectif. Bakary Koné, lui, n’est pas au niveau et l’OL devra se pencher sur le recrutement d’un défenseur central de qualité afin d’épauler Umtiti. Le policier Cris étant à le retraite, Lyon a besoin de sa version améliorée en gendarme, intransigeant et fendu à la tâche à grand coups de joutes européennes. Les profils sont nombreux, et ce n’est pas le plus typique qui fut ciblé par la direction rhodanienne : Jeremy Morel a accepté de s’engager avec les Gones, lui qui sort d’une belle saison avec l’OM. Anciennement latéral, Morel semble représenter la sécurité dont l’OL a besoin en championnat. Mais le pari reste osé, car si Morel est une valeur sûre en ligue 1, son apport pourrait se révéler insuffisant en Ligue des Champions.

Car la grande nouvelle, c’est que l’OL de Jean-Michel Aulas retrouvera la plus prestigieuse des compétitions européennes la saison prochaine. Et si on loue la belle saison effectuée par cette formation en ligue 1, difficile de ne pas froncer les sourcils en pensant à l’Europa League, dramatiquement sous estimée par nos formations françaises. Le sérieux et l’envie manquent cruellement, et à l’heure du bilan des équipes françaises en Europe, on ne peut qu’espérer davantage d’implication pour la saison prochaine. L’OL, lui, n’a même pas joué la C3 : on se souvient de cette élimination plus que douloureuse contre la pourtant très modeste équipe de l’Astra Giurgiu.

La saison de l’Olympique Lyonnais en quelques dates :

Difficile de découper la saison des joueurs d’Hubert Fournier avec des dates clés, comme on peut le faire pour d’autres équipes. La régularité qui fut leur principale qualité, a aussi souffert des tendances inquiétantes et récurrentes des joueurs lyonnais à tout lâcher au pire moment. Comparons quelques résultats, évocateurs d’un paradoxe certain :

– 30 / 11 / 2014 : l’AS Saint Etienne balaye les lyonnais en leur infligeant un cinglant 3-0. L’ASSE n’avait plus gagné face à l’OL à domicile depuis 1994. L’équipe n’est alors pas sortie de sa période sombre, et le meilleur reste à venir.
– 25 / 01 / 2015 : A cet instant, l’Olympique Lyonnais caracole en tête d’un championnat qui lui semble promis. jusqu’à la mi-saison, le PSG n’est pas en phase avec ses ambitions et ce soir là, l’OL enchaîne une 7ème victoire consécutive en battant Metz (2-0).
– 08/03/2015 : Les joueurs entraînés par Fournier viennent d’écraser Montpellier 5-1 et reprennent le fauteuil de leader du championnat à un PSG pourtant transfiguré depuis la reprise. A ce moment là, la dynamique semble installée et le coude à coude s’annonce infernal.
– 09 / 05 / 2015 : ce jour marque la plus cruelle désillusion de la saison Lyonnaise. Encore aux prises avec le rival francilien, l’OL sombre à Michel d’Ornano face aux locaux du SM Caen. Un revers 3-0 et un titre qui s’envole. Car le PSG, lui, se montrera implacable jusqu’au bout.

On peut dire en conclusion que si la saison lyonnaise est une réussite sur le plan sportif et sur le plan comptable, les Gones peuvent nourrir quelques regrets. Leur mental fort, une de leur principale qualité, s’est évaporé à de très rares occasions. Mais rare, c’est déjà trop fréquent pour préserver les chances de victoire finale, surtout lorsque le principal prétendant au titre se nomme Paris. Dans tous les grands championnat, une fois passée une certaine époque, tout revers devient potentiellement fatal. Une situation habituelle en Espagne, par exemple. Pourtant, c’est bel et bien un début de championnat raté, qui ne laissait guère la place à des petites erreurs isolées, qui aura peut-être coûté le titre à cette équipe pourtant pourvue de talents indéniables et de jeunes espoirs toujours prêts à nous surprendre.

 

Si l’effectif ne subit que les quelques retouches (dont il a cruellement besoin), et si l’équipe parvient à ne plus lâcher des points lorsqu’on s’y attend le moins, la saison prochaine pourrait être couronnée de succès pour cette formation rhodanienne rafraîchissante. Si le PSG est le prédateur, le requin de ce championnat, alors l’OL en est en tous points le dauphin. Celui qui termine second, certes, mais surtout celui qui jusqu’au terme de la lutte semble pouvoir terrasser le monstre, et rendre une impression de justice. Mais en football comme dans la chaîne alimentaire, c’est le plus fort ou le plus rusé qui l’emporte. Et sur 38 journées, Lyon n’était pas le plus fort.